ABCD de l’égalité : police des braguettes contre société policée

Depuis plus d’un ans, les politiques, les médias mainstream ou alternatifs ne cessent de nous rebattre les oreilles avec le programme d’enseignement (certains diront d’endoctrinement) ABCD de l’égalité[1]. Certes, il y a sans doute beaucoup à dire et à débattre sur ce sujet. Cela a été fait, longuement déjà. Néanmoins, les critiques les plus sévères, à juste titre parfois, ayant été faites d’un point de vu uniquement moral, c’est oublier que ce programme n’est qu’un arbre idéologique qui camoufle et voile une forêt entière de longue déstructuration en nous focalisant sur de faux débats. Reprenons…
N.B : Les notes sont importantes, elles permettent d’eviter les contre-sens et d’apporter les distinctions nécessaire… « Diviser pour mieux régner », s’il est un proverbe latin que le Capital a su intérioriser et appliquer c’est sans nul doute celui-ci. Ce n’est donc pas pour rien si les enjeux sociaux-économiques n’ont de cesse d’être occultés depuis les « trente honteuses » par des débats sociétaux, qui ont pu avoir leur légitimité un temps, mais qui n’ont pas manqué non plus d’aggraver certaines causes auxquelles ils prétendaient s’attaquer – tout ceci, relayait en première ligne par la gauche et le P.C.F tombé dans le gauchisme.[2]Le but étant ici de faire intervenir des problématiques raciales ou bien encore de genre, dans la sphère sociale, afin de mettre en guerre les hommes contre les femmes, les noirs, contre les blancs etc. Bref, comme l’annonçait Michel Clouscard, « le capitalisme amènera la guerre civile chez les pauvres » tandis que le Capital est tranquillement épargné. Ainsi, la question féministe ou bien de genre, tout comme la question raciale intervient toujours ou presque afin de parasiter les enjeux économiques et sociaux centraux qui concerne à la fois les hommes, les femmes, les blancs, les noirs, les jaunes et j’en passe… Ce n’est pas pour rien si le Manifeste en appelait déjà à l’unisson de tous les prolétaires. Il faut ajouter à cela, avant d’en finir, car ce n’est pas ici le sujet principal, que la preuve que le capitalisme est fasciste en acte, c’est qu’il opère un revirement des problématiques privées vers la sphere sociale. Or, c’est le propre du fascisme que de confondre les limites entre le privé et le public et de s’investir dans des questions qui appartiennent au choix privé de chacun. On pense ici, à la répartition des tâches au sein du couple ou aux pratiques sexuelles, bref, tant de débats qui n’ont finalement pas lieux d’être et n’ont surtout aucune légitimité en ces temps de crise globale, bien qu’il n’y est rien d’étonnant à ce que cette dernière produise ce type de discours. Ceci étant dit, il nous faut bien comprendre ici que cette critique n’est pas une critique morale et encore moins moralisante… Au sens ou elle n’entend pas faire des femmes, tout comme des noirs des esclaves, bien au contraire, mais elle tend à montrer plutôt l’escroquerie de ces débats et des supposées émancipations qui vont avec. Il en va de même ici pour la suite. ABCD de l’égalité, voile de la réalité sociale profondément inégalitaire Dans la société du spectacle et de la novlangue, il est aisé de comprendre que les prétendus combats menés par la classe dirigeante se font toujours au nom l’exacte opposé de ce qui est défendu en réalité. C’est ainsi que le néocolonialisme se fait au nom des Droits de l’homme, que les guerres ont lieue et sont déclenchées au nom de la paix, que l’inégalité est produite au nom de l’égalité, à défaut de justice sociale. Il faut rappeler tout d’abord ce qui semble être un truisme, mais qui fait encore débat, à savoir que l’égalité, dans l’absolu, n’existe pas. Seule l’égalité en droit a de sens et plus encore la justice sociale. L’égalité dans l’abstraction la plus totale n’a pas de sens et n’est même pas vraiment souhaitable si nous y réfléchissons… Mais plus qu’une ambition égalitaire, ce programme est très vite définit comme une « lutte contre le sexisme ». Ce qui est le principal problème dans nos écoles, vous en conviendrez. Rien n’est plus abjecte que le sexisme d’un enfant de six ans, qui n’est après tout qu’un phallocrate en puissance dont il va falloir calmer les ardeurs… et ce n’est pas par la culture à l’école et l’éducation dans le privé, qu’il intègrera certaines valeurs de virilité[3], mais bien à l’école, en remplacement du français ou des mathématiques, et si c’est exagéré peut-être de prendre en exemple ces deux matières, ça ne l’est pas si, en revanche, nous parlons de l’enseignement de l’Histoire. La différence étant ici simplement qu’avec le français et les mathématiques, les heures sont toujours là et la déconstruction bien plus fine . A défaut de savoir s’exprimer et d’être à même de construire une pensée alors, l’enfant pourra donc assumer parfaitement son homosexualité ou celle de ses amis grâce à cet enseignement… Plus encore, le P.S prétend même sur ses affiches de campagne qu’on empêcherait ainsi le viol… Passons… Nous constatons en fait, qu’une fois de plus, que tout ceci est un faux sujet. Faux, non pas dans le sens où ce qui est inclus dans ce programme n’est pas suivi, mais parce qu’il focalise l’attention sur un objet minoritaire, qui ne porte pas sur un ensemble et tend à délaisser les inégalités réelles de la plus petite école aux grandes écoles[4]… Pourtant, aujourd’hui, débattre de l’école se résume bien souvent, trop souvent en tout cas depuis quelques mois, à débattre de l’enseignement ou non de ce qui a trait aux questions de genre. D’un côté, les prétendus réactionnaires, de l’autre, les pseudos-progressistes bastion du libéralisme-libertaire. Après la liquidation sociale des ouvriers, vient celle des écoliers. Mais, la véritable question est que reste-t-il de l’école ? Pouvons nous seulement parler d’une école ? L’école, dont il faut rappeler qu’elle signifie aux origines le « lieux de loisir » ou bien « d’arrêt du travail », du grec skholế. Or, les élèves sont invités (c’est tout l’art de l’euphémisme) de plus en plus tôt à se rendre sur les salons d’orientations, à décider dès le primaire parfois quel métier ils aimeraient choisir (là encore, si tout n’était qu’une question de choix), puis les entreprises viennent même dans les établissement scolaire afin d’attirer les jeunes têtes blondes[5]… C’est qu’il faut leur apprendre à se vendre, à faire un travail d’appauvrissement de soi, il faut choisir sa case. L’école est de moins en moins un lieu d’étude pour devenir plutôt une autre armée de réserve du capitalisme. Cours de masturbation le matin, cours d’entreprise l’après-midi, l’idéologie Cohn-Bendit a de beaux jours devant elle. Il s’agît en fait d’un abrutissement généralisé qui consiste à formater les bambins au moralisme plutôt qu’au rationalisme, à se vendre comme marchandise plutôt qu’à s’épanouir. En effet, il faut du moralisme, de la lutte contre le sexisme, de la mémoire plutôt que de l’Histoire… Parce que, nous le savons, les papes de l’antiracisme comme les « nouveaux philosophes » et d’autres avec eux après guerre, n’ont eu de cesse de faire le procès de la raison… C’est la raison qui aurait produit Auschwitz a-t-on entendu, la raison est dangereuse. Alors plutôt que d’apporter de la culture et de la réflexion, on crée de la fausse morale. Avant d’apprendre à écrire, on apprend à féminiser les mots – car c’est ça le respect de la femme… Pour l’heure, tout ce qui nous est présenté comme des « avancées » dont on feint d’ignorer ce vers quoi elles peuvent mener, abcd de l’égalité, informatique, l’entreprise à l’ecole, demeurent à des stades expérimentaux, mais étrangement jamais aux lycées Louis le Grand ou Henri IV ou dans les quatre écoles maternelles d’où proviennent 85% de ces lycéens – alors même que ces avancées nous sont présentées comme plus que positives… De la même manière, la méthode globale, hautement discriminative[6] est désormais utilisées dans la majorité des écoles à l’exception de celles où l’on retrouve les enfants de la moyenne et haute bourgeoisie française… A ce constat noir s’ajoute le tout-anglais, avec d’un côté les enfants de la bourgeoisie qui s’expriment d’ailleurs plus en anglais qu’en français et de l’autre, des enfants qui à terme finissent par ne vraiment parler aucune langue, s’exprimant dans un français approximatif, un mauvais anglais, un mauvais arabe etc. Le problème actuel de l’école est donc bien plus grave qu’il n’y paraît, sur des sujets qui n’en sont plus à la simple expérimentation[7]. L’ABCD de l’égalité joue donc bien son double rôle à la fois de voile sur les enjeux centraux qui touchent à la destruction programmée de l’école, détruit pas la marchandise, et aussi de programmation d’élèves profondément déstructurés, dont les plus touchés sont déjà et seront à l’avenir plus encore, ceux des classes populaires.   Ils sont nombreux alors ceux qui pensent à retirer leurs enfants de l’école, mais là encore, ce n’est pas à la portée de tous, et il n’est plus donné à tout le monde de pouvoir enseigner à son enfant à la maison lorsque le droit au travail est devenu une nécessité absolue, pour les deux parents, pour des raisons économiques évidentes… Dans un cas, comme dans l’autre, ce sont donc toujours ceux à qui il a été promis le plus d’égalité qui devront se satisfaire du nécessaire, sans broncher, salauds de pauvres ! _______________________________________________________________________ [1] « L’ABCD de l’égalité est un programme français d’enseignement proposé par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des droits des femmes, et dont l’objectif est de lutter contre le sexisme et les stéréotypes de genre. » [2] (a) Cf. Lénine – La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme ») – (b) https://www.youtube.com/watch?v=_5cxXMtFavI&list=UUaNRgcgEtTlyOz53F3fRUlA [3] https://www.youtube.com/watch?v=XRNPQ5-y9V4&list=UUaNRgcgEtTlyOz53F3fRUlA [4] http://www.inegalites.fr/spip.php?article1176 [5] http://www.education.gouv.fr/cid56498/semaine-ecole-entreprise.html [6] Rappelons qu’elle l’est du fait qu’elle vise justement une globalité à l’inverse de la méthode syllabique qui pose tout le monde sur un pied d’égalité. En effet, avec la méthode globale, l’enfant issu d’un milieu aisé qui nomme les choses avec un langage correct serait de facto mis en valeur par rapport à l’enfant qui maîtrise moins de mots et moins bien à son entrée à l’ecole… Or, il est plus aisé d’apprendre l’ensemble des syllabes que des mots…surtout lorsqu’on a cinq ou six ans. [7]http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/12/03/01016-20131203ARTFIG00338-niveau-scolaire-la-france-perd-deux-places-au-classement-mondial.php Loïc Chaigneau, pour l‘Affranchi.

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